KL by Nikolaus Wachsmann

KL by Nikolaus Wachsmann

Auteur:Nikolaus Wachsmann
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Gallimard
Publié: 2017-05-14T16:00:00+00:00


La SS des camps

Dans un discours à la radio allemande le 29 janvier 1939, pour marquer la Journée de la Police allemande, Himmler fit une rare allusion publique aux camps de concentration SS. Après avoir rassuré ses auditeurs sur les conditions de vie décentes dans les KL « stricts mais justes », il parla de leur fonction : « La devise inscrite au-dessus de ces camps est : il y a une voie vers la liberté. Ses jalons sont l’obéissance, la diligence, l’honnêteté, l’ordre, la propreté, la tempérance, la vérité, l’esprit de sacrifice et l’amour de la patrie135. » La SS fut si impressionnée par la devise de Himmler qu’elle figura bientôt dans plusieurs KL sur des panneaux, des toits et des murs, afin d’être vue de tous les détenus ; une photo de prisonniers devant l’une de ces pancartes fut publiée dans la presse nazie136. Des slogans similaires étaient apparus auparavant. Depuis 1936, par exemple, les portes en fer forgé conduisant du corps de garde de Dachau au complexe d’internement arboraient les mots « Arbeit macht frei », « Le travail rend libre », expression ajoutée plus tard aux portails de Sachsenhausen, Flossenbürg et Auschwitz137. Les SS employaient ce genre d’expressions cyniques pour tourmenter les prisonniers. Pendant la guerre, les gardes à Sachsenhausen attireraient l’attention des nouveaux détenus sur le slogan du discours de Himmler peint en grosses lettres sur les baraques autour de la cour de l’appel et montreraient ensuite le four crématoire proche : « Il est une voie vers la liberté, mais seulement par cette cheminée138 ! »

Tortueusement, Himmler croyait avec le plus grand sérieux que les camps traçaient la « voie vers la liberté »139. Il aimait à se voir en éducateur strict et considérait les camps en général comme des instruments d’éducation de masse, vision populaire dans l’Allemagne nazie où les nombreux camps de tout type étaient destinés à former des « camarades nationaux » : ils étaient à ses yeux en partie des centres de rééducation et les détenus, que l’on avait fait changer d’« attitude intérieure », selon l’expression de la SS, pourraient être autorisés à rejoindre la communauté nationale140. Conformément à cette approche, beaucoup de prisonniers détenus dans la seconde moitié des années 1930, furent finalement de nouveau libérés141. Aucun d’eux, bien sûr, n’avait été éduqué ; en fait, ils avaient tous été brisés. Quand Himmler parlait de « méthodes d’éducation » SS, ce qu’il voulait réellement dire était coercition, châtiment et terreur, seules façons, en ce qui le concernait, de traiter dans les KL « la fange » et « le rebut » déviants, sales et dégénérés142. En outre, il insistait pour que tous les détenus ne fussent pas libérés, même une fois brisés. Reprenant en écho la pensée criminologique contemporaine, avec sa division des criminels en réformables et irrécupérables, Himmler était certain que l’on ne « devait jamais relâcher » les criminels de droit commun les plus dépravés ni les ennemis politiques les plus dangereux, ceux qui instilleraient de nouveau dans le peuple allemand le « poison du bolchevisme »143.



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